Comment favoriser la poursuite de la pratique sportive chez les filles

Avec les conseils avertis d’Eda Erdem et de Marta Vieira da Silva.

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Premier tournoi « HeForShe Lightning » : Super League féminine universitaire de football
Premier tournoi « HeForShe Lightning » : Super League féminine universitaire de football, 2018, organisé par la Commission nationale pour prévenir et éradiquer la violence à l’égard des femmes (CONAVIM), en partenariat avec ONU Femmes et l’agence sportive Sports Full, ainsi qu’avec d’autres organisations telles que Versus Mexico, Cinemapark et l’Institut mexicain de la jeunesse ; il s’agit de l’une des nombreuses initiatives qui exploitent le potentiel du sport comme plateforme pour offrir aux femmes et aux filles des compétences en leadership et amplifier leur voix. Photo : ONU Femmes/Dzilam Méndez

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Vous souhaitez préparer les filles à la réussite ? Maintenez leur intérêt pour le sport !

Une pratique sportive permet non seulement de préserver leur condition physique, mais aussi de renforcer leur confiance en soi, leur résilience et les compétences clés pour leur avenir. Dans un environnement sécurisé, inclusif et bien encadré, le sport favorise le développement de stratégies d’adaptation saines, l’estime de soi et la capacité à relever les défis. 

Il est aussi associé à de meilleurs résultats scolaires, à de meilleures perspectives de carrière et à un recul de l’âge de la première grossesse. En fait, 80 % des femmes PDG du Fortune 500 ont pratiqué un sport dans leur jeunesse, et la majorité affirme que cela les a aidées à réussir. 

Pourtant, malgré les nombreux bienfaits du sport, les filles abandonnent la pratique sportive deux fois plus que les garçons dès l’âge de 14 ans. Pourquoi cet abandon chez les filles ? Stéréotypes, pressions externes, changements corporels, perte de confiance et manque de soutien figurent parmi les principales raisons. Mais de petites actions peuvent faire toute la différence. 

En cette période phare pour le sport féminin – avec la Coupe du monde de rugby féminin, les Championnats du monde d’athlétisme, la Coupe du monde de cricket féminin de l’ICC et l’Euro féminin de l’UEFA qui ont captivé l’attention – nous avons échangé avec deux icônes du sport sur ce qui encourage les filles à poursuivre la pratique sportive : la star turque du volley-ball Eda Erdem et la légende brésilienne du football Marta Vieira da Silva, toutes deux Ambassadrices de bonne volonté d’ONU Femmes. Leurs réflexions sont présentées dans cet article, avec six recommandations fondées sur des données probantes à destination des parents, entraîneur·se·s et soignant·e·s pour inciter les filles à rester actives.

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Eda Erdem, Team Captain & Chair of TOC Athletes Commission

« Si la vie ressemble à un match riche en défis, alors le sport – surtout le sport d’équipe – est la meilleure préparation. Oui, vous serez fatiguée. Vous aurez envie de renoncer. Mais cette fatigue nous façonne. Elle nous donne de la force. Nous sommes tous passées par là. Persévérer, c’est ce qui permet d’avancer. » 

Eda Erdem, joueuse professionnelle turque de volley-ball

1. Écoutez-la et laissez-la choisir

Toutes les filles ne souhaitent pas être capitaines ou marquer le but décisif. L’essentiel, c’est d’offrir à chacune la liberté d’explorer diverses disciplines jusqu’à ce qu’elle trouve celle qui la passionne et la motive vraiment. 

Qu’il s’agisse de gymnastique, de rugby, d’escrime, d’escalade, de natation, de cyclisme, de football ou de danse, il existe de multiples façons d’être active. Certaines aiment la compétition, d’autres préfèrent le plaisir du mouvement créatif ou de l’appartenance à une équipe. Ce qui importe, c’est que l’expérience soit positive et procure un sentiment d’autonomie.  

Les filles qui ont le sentiment d'avoir le choix et le pouvoir sont beaucoup plus susceptibles de continuer à pratiquer un sport à long terme.

Saviez-vous que les filles subissent plus de pressions pour quitter le sport ? 

2. Mettez l’accent sur l’encouragement, pas sur la perfection

Les mots ont un impact plus fort qu’on ne le croit. Valorisez l’effort, le progrès et le plaisir, plutôt que la victoire ou la performance.  

Évitez les remarques sur l’apparence physique ou le poids. Célébrez plutôt les performances de son corps : la force ressentie, les progrès accomplis, la détermination affichée. 

Le sport doit être un espace sûr où l’erreur fait partie de l’apprentissage et où le développement personnel est toujours mis en avant. Ce renforcement positif aide les filles à associer sport, confiance en soi et plaisir, des sentiments essentiels pour qu’elles perdurent dans la pratique. 

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Pankeaw Plypoolsup
Pankeaw Plypoolsup, grimpeuse/athlète thaïlandaise, en escalade de difficulté à Thakhek, au Laos. Photo : ONU Femmes/Pathumporn Thongking

3. Abordez les sujets difficiles

À l’adolescence, les filles font face à toute une série de pressions nouvelles : insécurité liée à l’image corporelle, comparaisons sociales, baisse de la confiance en soi, peur du jugement, stigmatisation et obstacles concrets liés aux règles. 

Ces défis peuvent vite fragiliser leur motivation à pratiquer un sport si on ne les aborde pas franchement. D’où l’importance de conversations ouvertes et honnêtes. Normalisez le fait que chaque athlète, quel que soit son succès, connaît des hauts et des bas. Reconnaissez que le corps change naturellement, que ces transformations sont normales, saines et qu’il n’y a pas de quoi en avoir honte. 

Quand les filles se sentent écoutées, soutenues et comprises face à ces difficultés, elles ont beaucoup plus de chances de persévérer.

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Marta Viera da Silva

« Il ne fait aucun doute que mon enfance marquée par la pauvreté et le soutien de ma mère ont été les principales sources de ma force pour surmonter l’adversité, notamment le manque de confiance et de soutien de ceux qui ont tenté d’ébranler ma motivation et ma discipline, et ce sont ces expériences qui m’ont permis de rester sur la voie de la réalisation de mon rêve. »

Marta Vieira da Silva

4. Faites de l’activité physique une partie intégrante du quotidien

Le sport ne se limite pas à la piste ou aux compétitions : intégrer l’activité physique dans la vie de tous les jours est tout aussi essentiel, et l’entourage a un rôle de modèle fondamental à jouer. 

Partez faire des promenades à pied ou à vélo en famille. Jouez au ballon au parc. Dansez ensemble dans la cuisine. Faites du yoga le soir pour vous détendre avant le coucher. Montrez-lui que bouger, à tout âge, fait partie d’un mode de vie sain et équilibré, qui n’est pas réservé à l’enfance. 

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L’athlète Laura Ordóñez
L’athlète Laura Ordóñez, de BMX Cauca, 2024. ONU Femmes et Indeportes Cauca, avec le soutien de l’Ambassade de Suède en Colombie, visent à promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans le secteur du sport, ainsi qu’à favoriser des espaces sûrs exempts de violence basée sur le genre. Photo : ONU Femmes/Miguel Varona

5. Regardez les sports féminins ensemble

Prenez le temps de regarder ensemble des compétitions de sport féminin, qu’il s’agisse du Championnat d’Europe féminin de l’UEFA, des Jeux olympiques et paralympiques ou de matchs locaux. Suivez des femmes athlètes sur les réseaux sociaux. Partagez les histoires de femmes qui ont surmonté des obstacles et fait tomber des barrières dans leur discipline.  

Les filles ont besoin de voir des femmes qui dirigent, repoussent les limites et réussissent. Ces modèles inspirent les filles à rêver plus grand, à surmonter les moments difficiles et à croire qu’elles ont aussi leur place dans le monde du sport.

« Faire du sport, c’est aussi combattre les stéréotypes de genre et révéler son plein potentiel. Quand on persévère, on devient une source d’inspiration pour les autres. Tu n’es pas seule : d’autres filles partagent tes rêves et avancent sur le même chemin. » – Eda Erdem.

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ONU Femmes a célébré la Journée internationale des femmes dans la ville de Gjakova
ONU Femmes a célébré la Journée internationale des femmes dans la ville de Gjakova, dans l’ouest du Kosovo (conformément à la résolution 1244 du Conseil de sécurité), avec de jeunes femmes et filles basketteuses. En collaboration avec la Fédération de basketball du Kosovo (FBK), FIBA Europe, la municipalité de Gjakova et le KBF Vellaznimi, ONU Femmes a présenté la campagne « Génération Égalité » et a invité les jeunes femmes et filles pratiquant le sport à se joindre à la campagne et à promouvoir l’égalité des sexes. Photo : ONU Femmes/Nderim Dema

6. Rappelez-lui que le sport développe des aptitudes essentielles à la vie quotidienne

Les filles qui continuent une pratique sportive gagnent en confiance en soi, en travail d’équipe, en leadership, en gestion du temps, en résolution de problèmes et en résilience. Autant d’aptitudes qui leur sont utiles bien au-delà du cadre sportif.  

Quatre-vingt-cinq pour cent des femmes ayant pratiqué un sport dans leur enfance estiment que ces compétences ont contribué à leur réussite professionnelle, et ce chiffre est encore plus élevé parmi les femmes dirigeantes.  

Même si une fille ne devient pas sportive professionnelle, elle retiendra toujours les leçons du sport, qui lui donneront la confiance nécessaire pour réussir ses études, ses relations, son travail et sa vie en général.  

Chaque fille mérite la chance de rester dans le jeu. Avec un soutien adapté, nous pouvons encourager davantage de filles à rester actives, à renforcer leur confiance en elles et à déployer tout leur potentiel, aussi bien dans le sport que dans tous les aspects de leur vie. 

Principales ressources

Tackling violence against women and girls in sport: A handbook for policy makers and sports practitioners

Tackling violence against women and girls in sport: A handbook for policy makers and sports practitioners