Ne jamais céder : les femmes en marche pour l’égalité des droits
Pendant des siècles, les femmes se sont battues pour revendiquer l’égalité des droits, des chances et la liberté. Des suffragettes aux activistes numériques, chaque génération a repoussé les limites, surmonté des obstacles et refusé de céder. Derrière chaque changement politique et chaque victoire juridique, ce sont des féministes courageuses qui se sont organisées, qui ont protesté et exigé des actions.
Le monde d’aujourd’hui est plus égalitaire pour les femmes et les filles qu’il ne l’a jamais été auparavant, mais les progrès sont encore trop lents, trop fragiles et trop inégaux. Toutes les 10 minutes, une femme est assassinée par un membre de sa propre famille. La représentation des femmes dans la population active est restée inchangée depuis des décennies. Les femmes et les filles contribuent le moins au changement climatique et, elles en subissent pourtant les pires conséquences. À ce rythme, une fille née aujourd’hui aura 40 ans le jour où les femmes occuperont autant de sièges que les hommes au sein des parlements.
En 1995, les dirigeants mondiaux se sont engagés en faveur de l’égalité des sexes au travers de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, un plan novateur qui établit des objectifs audacieux pour les droits des femmes. Deux décennies plus tard, les Objectifs de développement durable (ODD) ont renforcé cet engagement en fixant une échéance aujourd’hui imminente – 2030.
Nous ne pouvons pas nous permettre de faire marche arrière. Nous ne pouvons pas attendre 30 années de plus pour honorer la promesse de l’égalité. L’année 2025 est un tournant décisif pour nous – à partir du 8 mars, date de la Journée internationale des femmes, nous avancerons pour TOUTES les femmes et les filles.
Lors de la Convention de Seneca Falls à New York, Elizabeth Cady Stanton et Lucretia Mott revendiquent des droits civiques, sociaux et politiques pour les femmes. Elles incarnent un tournant décisif pour l’égalité des sexes lorsqu’elles déclarent : « Nous tenons comme vérités allant de soi que tous les hommes et les femmes sont créés égaux. »
Photo: Seneca Falls, National Park Service.

Sojourner Truth, une ancienne esclave, prononce un discours percutant, « Ain’t I a Woman? » (Ne suis-je pas une femme ?). Elle entre dans l’histoire en apportant des témoignages directs des discriminations vécues par les femmes.
Portrait de Sojourner Truth, abolitionniste afro-américaine et défenseuse des droits des femmes.

La Nouvelle-Zélande devient le premier pays à octroyer le droit de vote aux femmes. Elle inspire un mouvement mondial pour le suffrage qui fait avancer les droits des femmes et ouvre la voie à des sociétés plus démocratiques pour tous.
Photo : Une femme sur le point de voter pour la première fois, 4 décembre 1935. Photographe inconnu.

Le 8 mars, dans toute l’Europe, plus d’un million de personnes célèbrent la première Journée internationale des femmes en manifestant pour le droit de vote et les droits du travail des femmes.
Photo : Manifestation de femmes pour du pain et la paix, 8 mars 1917, Petrograd, Russie. Wikimedia Commons.

Des milliers de femmes igbos se soulèvent contre le régime colonial en chantant, en dansant, en tapant contre leurs murs et même en arrachant des toitures. Leurs actions contraignent les autorités à mettre fin à des taxes de marché injustes.
Photo : Femmes d'Oloko derrière la révolte des femmes d'Aba en 1929, zone administrative locale d'Ikwuano, État d'Abia, Nigeria. Informations de légende fournies par Bolakoka Ventures.

Lassées de travailler dans des conditions insalubres, de percevoir des salaires faibles et de bénéficier de congés limités, environ 1 500 blanchisseuses syndiquées se mettent en grève. Les blanchisseries commerciales sont touchées, et la grève se solde par une victoire pour tous les travailleur.se.s irlandais.e.s, qui bénéficient d’une deuxième semaine de congés annuels obligatoires.
Photo : Blanchisserie à l'infirmerie de Waterford pour E.S.B., Irlande, 5 juin 1939. Bibliothèque nationale d'Irlande.

Lors de la fondation des Nations Unies, après la Deuxième Guerre mondiale, des femmes déléguées appellent à entériner l’égalité des sexes dans la Charte fondatrice, qui reconnaît l’ « égalité de droits des hommes et des femmes ».
À l’occasion de la session inaugurale de l’Assemblée générale des Nations Unies, Eleanor Roosevelt lit une « lettre ouverte aux femmes du monde entier », les exhortant à s’impliquer davantage dans les affaires nationales et internationales.
L’une des premières tâches des nouvelles Nations Unies consiste à former la Commission de la condition de la femme. Premier organe intergouvernemental mondial à être exclusivement dédié à l’égalité des sexes, cette Commission continue de façonner les politiques sur les droits des femmes aujourd’hui.
Photo : Bertha Lutz à la Conférence de San Francisco, 25 avril - 26 juin 1945. ONU.

Ladite déclaration stipule que les droits fondamentaux appartiennent à tout le monde – y compris toutes les femmes et les filles. Elle marque le début du militantisme appelant les responsables à respecter les normes relatives aux droits humains et à éliminer toutes les formes de discrimination.
Photo : Un groupe de femmes japonaises regardant une affiche de la Déclaration universelle des droits de l’homme lors de leur visite aux Nations Unies, Lake Success, New York. ONU.

Trois sœurs – Minerva, María Teresa et Patria Mirabal – également appelées las mariposas (les papillons) – mènent une résistance clandestine contre la dictature de Rafael Trujillo. Leur assassinat suscite une indignation générale et la dictature s’effondre en un an.
Photo : Sœurs Mirabal : Minerva, María Teresa et Patria. Casa Museo Hermanas Mirabal.

Organisée au Mexique, cette Conférence représente un moment de dynamisme, réunissant des mouvements de femmes du monde entier et symbolise la montée en puissance du discours mondial sur les droits des femmes. En 1970, sont proclamées la première Année internationale de la femme et la première Décennie des Nations Unies pour la femme.
Des féministes lancent la campagne internationale Wages for Housework (Salaires pour les travaux ménagers) appelant à reconnaître le travail de soins non rémunéré assumé par les femmes. Les activistes font valoir que les corvées ménagères et le travail de soins accomplis par les femmes doivent être récompensés comme tout autre travail – par le versement d’un salaire.
Photo : Betsy Warrior, 1972. Bibliothèque du Congrès.

Quand 90 % des femmes refusent de travailler, de cuisiner ou de prendre soin de leurs enfants pendant une journée, le pays est à l’arrêt. Des réformes majeures sont mises en place, notamment des congés parentaux rémunérés et la participation politique accrue des femmes.
Photo : Journée de congé des femmes, 24 octobre 1975, Islande. Musée de la photographie de Reykjavík.

Face à un mouvement des femmes de plus en plus global, l’Assemblée générale des Nations Unies établit la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Les pays qui la ratifient – 189 à ce jour – sont juridiquement contraints de mettre fin à la discrimination contre les femmes dans la vie publique et dans la vie privée, notamment par le biais de lois nationales.
En l’honneur des sœurs Mirabal, des militantes d’Amérique latine et des Caraïbes déclarent le 25 novembre journée de l’appel à l’élimination de la violence à l’égard des femmes. En 1999, les Nations Unies désignent officiellement cette date comme la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Ce qui avait démarré comme une initiative locale en 1991 est aujourd’hui devenu l’une des campagnes les plus internationales. Lancée par le premier Institut international pour le leadership des femmes, la campagne 16 Jours d’activisme est célébrée chaque année à travers le monde, du 25 novembre au 10 décembre.
Photo collage : Orange The World 2014-présent. ONU Femmes.

Lors de la Conférence internationale sur la population et le développement, les activistes féministes parviennent à convaincre les gouvernements d’accepter de mettre un terme aux objectifs démographiques coercitifs tels que les stérilisations et les quotas de naissance restrictifs. Sa reconnaissance historique de la santé sexuelle et reproductive et des droits reproductifs demeure une référence aujourd’hui.
Photo : Le président Hosni Moubarak (à gauche) d'Égypte s'adresse à la conférence de la CIPD le 9 mai 1994 au Caire, Égypte. ONU.

La quatrième Conférence mondiale sur les femmes définit le plan le plus ambitieux en faveur de l’égalité des droits de TOUTES les femmes et les filles, comportant douze domaines d’action essentiels.
Pour la première fois, dans le cadre de la résolution 1325, les Nations Unies reconnaissent officiellement que la guerre a des répercussions différentes sur les femmes. Elle appelle à une participation et à un leadership effectifs des femmes dans les efforts de paix et de sécurité.
Les femmes libériennes refusent que la guerre civile de 14 ans perdure. Elles recourent à des grèves du sexe et à des blocages pour exiger des négociations de paix fructueuses. Non seulement la guerre prend fin, mais le Liberia élit également la première femme cheffe d’État en Afrique, Ellen Johnson Sirleaf.
Photo : Des manifestants défilent au Libéria contre les violences basées sur le genre. ONU/Eric Kanalstein.

La création d’ONU Femmes à partir de quatre organes distincts des Nations Unies offre à ces dernières une voix forte et unifiée pour TOUTES les femmes et les filles. ONU Femmes fait avancer les normes internationales, assure une coordination en matière d’égalité des sexes, avec l’ensemble du système des Nations Unies, et prend des mesures qui transforment la vie des femmes et des filles partout dans le monde.
Photo : La Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive d’ONU Femmes, Michelle Bachelet, lors de la cérémonie de lancement d’ONU Femmes tenue dans la salle de l’Assemblée générale au siège des Nations Unies, le 24 février 2011. ONU/Paulo Filgueiras.

Après avoir survécu à une attaque brutale au Pakistan, la lycéenne et militante pour l’éducation, Malala Yousafzai, célèbre son 16e anniversaire en communiquant sa passion pour l’éducation pour tous lors de sa première apparition publique aux Nations Unies.
Les dirigeants mondiaux conviennent d’un plan pour assurer des progrès mondiaux jusqu’en 2030 : les 17 Objectifs de développement durable. Le cinquième Objectif consiste à instaurer l’égalité des sexes, qui sous-tend également la réalisation de tous les autres Objectifs – des aspects économiques à la sécurité alimentaire, en passant par la santé, l’action climatique, la paix, et d’autres domaines.
Les femmes du monde entier se tournent vers les réseaux sociaux, puis vers les tribunaux pour dénoncer la culture de la violence dans l’ensemble des industries et des secteurs et demander des comptes. Une vague de soulèvements de masse ont lieu pour protester contre le viol collectif d’une étudiante en Inde, les féminicides en Amérique latine et l’enlèvement de près de 280 écolières au Nigeria, entre autres événements.
Photo : Vue de la Women's March à New York sur la 42ᵉ rue, 21 janvier 2017. ONU Femmes/Ryan Brown.

L’équipe nationale de football des États-Unis obtient enfin la parité salariale après une longue bataille juridique, venant s’ajouter à une série d’actions visant à remédier aux disparités salariales dans le sport à l’échelle mondiale. À ce jour, cette équipe demeure l’une des rares exceptions. Sur les 100 athlètes qui ont perçu les plus hauts salaires au monde en 2024, aucun n’était une femme.
Photo : Des équipes féminines de football à Gaziantep, Turquie, ont joué en solidarité contre les violences basées sur le genre. ONU Femmes.

L’enthousiasme pour le potentiel de l’IA est freiné par ses préjugés sexistes. Les spécialistes de l’IA et les leaders de la défense des droits humains commencent à appeler au renforcement de la prise de conscience et de l’action pour contrer les préjugés, de telle sorte que les technologies bénéficient à tout le monde et ne perpétuent pas la discrimination et la violence basée sur le genre.
Photo : Une femme utilisant un casque de réalité virtuelle à Bangkok, Thaïlande, le 2 avril 2022. ONU Femmes/Ana Norman Bermudez.

Quand Dominique Pélicot est condamné en France pour avoir drogué et violé sa femme pendant plus de neuf ans, Gisèle Pélicot entre dans l’histoire en refusant l’anonymat. « Ce n’est pas du courage », dit-elle, « C’est de la volonté et de la détermination pour faire avancer cette société ». Sa bravoure suscite un appel mondial à faire passer la honte des survivantes à la violence aux auteurs des violences.
Photo : Gisele Pelicot. Clément Mahoudeau/AFP via Getty Images
