- Impact des conflits et des crises sur les femmes et les filles
- Les femmes dans les processus de paix
- Leadership des femmes dans les conflits et les crises
- Droits humains des femmes dans les conflits et les crises
- Violence basée sur le genre dans les conflits
- Accès des femmes à la justice pendant et après les conflits
- Les femmes dans le maintien de la paix et le secteur de la sécurité
- Genre et prévention de l’extrémisme violent
- Désarmement, maîtrise des armements et dépenses militaires : une vue d’ensemble à l’échelle mondiale
- Politiques locales, nationales et régionales sur les femmes, la paix et la sécurité
- Les femmes et la sécurité climatique
- Financement consacré aux femmes, à la paix et à la sécurité : combler les déficits critiques
- Financement d’organisations de femmes en première ligne des conflits et des crises
- Fonds d'affectation spéciale pluripartenaire pour le financement des femmes, de la paix et de la sécurité
- Les femmes, la paix et la sécurité au Conseil de sécurité
- Notes
Impact des conflits et des crises sur les femmes et les filles
Les conflits, l’instabilité et la violence croissent, et leurs conséquences sont catastrophiques pour les femmes et les filles. Voici quelques faits et chiffres essentiels :
- Augmentation des conflits : en 2023, plus de 170 conflits armés ont été enregistrés. Environ 612 millions de femmes et de filles vivaient à moins de 50 km de ces conflits, soit une hausse vertigineuse de 50 % par rapport à il y a dix ans [1].
- Montée de la violence : la proportion de femmes tuées dans des conflits armés a doublé en 2023 par rapport à l’année précédente. Les violences sexuelles dans les conflits ont considérablement progressé, avec 3 688 cas vérifiés par l’ONU de violences sexuelles liées aux conflits, soit une hausse spectaculaire de 50 %. Le nombre de filles touchées par des violations graves dans des situations de conflit armé a augmenté de 35 %.
- Déplacement : en 2023, on estime que 117,3 millions de personnes dans le monde ont été déplacées de force, sous la contrainte de persécutions, de conflits et de violences, soit 70 % de plus qu’en 2018. La moitié de la population déplacée de force est composée de femmes et de filles, et un enfant sur quatre a moins de 12 ans.
- Insécurité alimentaire : une femme et une fille sur quatre souffraient d’insécurité alimentaire modérée ou grave en 2023. Dans les zones de conflit, ce chiffre est passé à une femme et une fille sur deux souffrant d’insécurité alimentaire.
- Attaques contre les infrastructures de santé : en 2023, 1 521 attaques contre des soins de santé ont été signalées dans 19 pays en situation d’urgence humanitaire complexe, causant plus de 2 000 blessés ou décès. Les attaques contre des centres de santé en Haïti, au Mali, au Myanmar, au Soudan, en Ukraine et dans l’État de Palestine ont privé des millions de femmes de services vitaux, notamment de soins de santé sexuelle et procréative.
- L’éducation des filles prise pour cible : entre 2022 et 2023, 6 000 attaques contre des écoles et des universités, des étudiants et des enseignants ont été signalées, elles s’ajoutent aux cas d’utilisation d’établissements d’enseignement à des fins militaires, comme l’a constaté la Coalition mondiale pour la protection de l’éducation contre les attaques (GCPEA). La GCPEA a recensé 10 pays où les filles et les femmes ont été ciblées lors d’attaques contre leur éducation, en raison de leur sexe. Dans certains pays, comme en Afghanistan et au Pakistan, des écoles de filles ont été bombardées ou incendiées pour entraver leur éducation. Ailleurs, comme au Cameroun, en Colombie, au Soudan du Sud et au Soudan, des groupes armés, des forces militaires ou d’autres forces de sécurité ont commis des violences sexuelles contre des filles et des femmes alors qu’elles étaient à l’école ou à l’université ou en chemin. En 2024, on estime que 119 millions de filles et d’adolescentes d’âge scolaire ne sont pas scolarisées, et plus d’un quart de ces filles se trouvent dans des pays touchés par des conflits ou des crises.
- Les voix des femmes dans les médias : un rapport publié en 2023 par CARE constatait que, malgré une multiplication par plus de six de la couverture médiatique des conflits entre 2013 et 2023, seuls 5 % des articles portaient sur le vécu des femmes en temps de guerre et seulement 0,04 % d’entre eux ont mis en évidence la contribution des femmes en tant que cheffes de file des processus de paix.
Les femmes dans les processus de paix
La participation des femmes aux processus de paix aboutit à des résultats plus probants et durables. Pourtant, les femmes restent sous-représentées dans les négociations officielles. Voici quelques faits et chiffres essentiels :
- Des accords de paix plus solides avec les femmes : des études montrent que les accords de paix ayant des femmes pour signataires affichent de meilleurs taux de mise en œuvre et durent plus longtemps.
- Absence de femmes dans les processus de paix : malgré leurs rôles essentiels, les femmes continuent d’être en grande partie exclues des processus de paix. Selon de nouvelles données mondiales recueillies par ONU Femmes à l’aide du mécanisme Women in Peace Processes Monitor, en 2023, les femmes ne représentaient que 9,6 % des négociateurs, 13,7 % des médiateurs et 26,6 % des signataires d’accords de paix et de cessez-le-feu. La proportion de femmes signataires tombe à 1,5 %, exclusion faite des accords passés en Colombie [2].
- Dispositions relatives au genre dans les accords de paix : le pourcentage d’accords de paix comportant des dispositions sur le genre progresse depuis les années 1990. Entre 1990 et 2000, seulement 12 % des accords de paix ont fait référence aux femmes. Sur la période 2011-2020, cette part était passée à 31 %. Néanmoins, en 2023, seulement 26 % (8) des accords de paix et de cessez-le-feu mentionnaient les femmes, les filles ou le genre.
- Les femmes dans les processus de paix informels : une étude sur les efforts informels de paix a permis de constater que dans les trois quarts des cas (27 sur 38), des groupes de femmes étaient activement impliqués dans des actions de consolidation de la paix au niveau local.
- Les femmes à la tête d’efforts de paix locaux : en dépit de leur exclusion de la plupart des efforts de paix officiels, les femmes jouent un rôle essentiel dans les actions de consolidation de la paix au niveau local. Par exemple, des femmes au Yémen ont négocié des accords d’accès à l’eau pour la population civile et en 2023 au Soudan, plus de 49 organisations dirigées par des femmes ont créé la plateforme Peace for Sudan pour faire pression en faveur d’un processus de paix inclusif.
- Exclusion des groupes de femmes des processus de paix : dans de nombreux processus de paix, les fauteurs de guerre sont invités à la table des négociations, tandis que les personnes en quête d’une paix véritable, comme les groupes de femmes, sont tenus à l’écart. En 2023, aucun des accords de paix conclus n’incluait des représentantes de groupes de femmes en tant que signataires.
Leadership des femmes dans les conflits et les crises
La Déclaration et le Programme d’action de Beijing de 1995 ont fixé un objectif mondial en faveur de la pleine et égale participation politique des hommes et des femmes. Cependant, près de 30 ans plus tard, force est de constater que nous sommes encore loin de l’égalité des sexes en politique, et de nombreux pays touchés par un conflit sont à la traîne.
- Les femmes cheffes d’État : en 2024, 113 pays dans le monde n’avaient jamais eu de femme comme cheffe d’État ou de gouvernement, et seulement 27 pays comptaient une femme au poste de cheffe d’État et/ou de gouvernement.
- Les femmes au Conseil de sécurité des Nations Unies : entre 2015 et 2023, seulement 22 % des représentants permanents des États membres représentés au Conseil de sécurité étaient des femmes. En 2024, sur les 15 membres du Conseil de sécurité, 5 (33 %) ont une femme comme représentante permanente.
- Les femmes dans le corps législatif : en 2024, 27 % des parlementaires nationaux dans le monde étaient des femmes. Ce chiffre tombe à seulement 21 % dans les pays touchés par un conflit.
- Les femmes au sein de gouvernements : en 2024, les femmes occupent 23 % des postes ministériels, contre 19 % dans les pays touchés par un conflit.
- Les femmes dans les collectivités locales : en 2023, les femmes détenaient 36 % des sièges d’élus au sein des collectivités locales. Cette part tombe à 20 % dans les pays touchés par un conflit.
- Quotas en faveur de l’égalité des sexes : les Nations Unies continuent de faire pression pour l’adoption de mesures temporaires spéciales, comme des quotas femmes-hommes, afin d’accélérer l’égalité des sexes en politique. Le projet des Nations Unies sur les quotas femmes-hommes fournit des informations sur les quotas en vigueur dans les parlements du monde entier. En 2024, dans les pays touchés par un conflit qui appliquent un quota femmes-hommes, 25 % des parlementaires étaient des femmes. Dans les pays sans quota, les femmes ne représentent que 15 % des parlementaires.
Droits humains des femmes dans les conflits et les crises
Les droits des femmes dans les zones touchées par les conflits se heurtent à de sérieux obstacles. Dans de nombreuses régions du monde, on constate une intensification des efforts pour réprimer l’égalité des sexes et porter atteinte aux droits des femmes, ce qui a des effets catastrophiques pour les femmes et les filles. Voici quelques statistiques effroyables :
- Retour de bâton contre les droits des femmes : un inquiétant phénomène de retour de bâton contre les droits des femmes se propage à de nombreuses régions du monde. En Afghanistan – l’un des exemples les plus extrêmes d’apartheid de genre, les talibans ont publié plus de 90 décrets pour réprimer les droits des femmes et des filles, dans un retour au régime d’oppression des années 1990.
- Augmentation des attaques contre les femmes leaders et les défenseuses des droits humains : les femmes leaders, les défenseuses des droits humains et les artisanes de la paix sont les cibles d’une vague de menaces et d’attaques. Entre mai 2022 et avril 2023, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a documenté 140 incidents de représailles et d’intimidation pour avoir coopéré avec l’ONU, affectant au moins 108 femmes et filles. En 2023, le HCDH a documenté les meurtres de 41 défenseuses des droits humains dans des pays touchés par des conflits – sans doute une fraction seulement des cas réels [3].
- Représailles contre des représentantes de la société civile : une enquête d’ONU Femmes menée auprès de 45 représentantes de la société civile qui avaient présenté un exposé au Conseil de sécurité en 2023, 5 des 23 personnes interrogées (22 %) a indiqué avoir subi des représailles en rapport avec leur intervention au Conseil.
- Les femmes et les filles cibles de violences politiques : les données de 2023 provenant d’Armed Conflict Location & Event Data montrent que les femmes et les filles ont été les principales cibles de plus de 3 000 incidents de violence dans le monde, et que plus de la moitié de ceux-ci ont eu lieu dans des pays touchés par un conflit [4].
- Insuffisance de la protection apportée aux femmes par les institutions de défense des droits humains : sur 41 pays et territoires touchés par un conflit, seuls 25 (60 %) [5] étaient dotés d’une institution nationale chargée des droits humains pleinement ou partiellement conforme aux Principes de Paris, qui définissent les normes minimales de protection et de promotion des droits humains.
Violence basée sur le genre dans les conflits
La violence basée sur le genre continue de monter en flèche dans les zones de conflit et de crise, ce qui place les femmes et les filles dans des situations de plus en plus périlleuses et potentiellement mortelles. Ces statistiques alarmantes révèlent la gravité du problème :
- Violence sexuelle liée aux conflits : les Nations Unies ont vérifié 3 688 cas de violences sexuelles liées à des conflits, soit une hausse alarmante de 50 % par rapport à l’année précédente. L’Éthiopie (835) et la République démocratique du Congo (733) ont enregistré les chiffres les plus élevés. Ces chiffres sont inférieurs à la réalité, car de nombreux cas ne sont pas signalés ou ne peuvent pas être vérifiés, et ces crimes se poursuivent en toute impunité.
- Mariage des enfants dans les zones de conflit : en 2023, 1 femme sur 5 âgée entre 20 et 24 ans était mariée avant l’âge de 18 ans. Le mariage des enfants est plus répandu dans les pays touchés par un conflit et de 14 points de pourcentage de plus que dans les pays non touchés par un conflit.
- Violence exercée par un partenaire intime : à l’échelle mondiale, 1 femme sur 8 âgée de 15 à 49 ans a été victime de violences sexuelles et/ou physiques de la part d’un partenaire intime. Dans les pays touchés par un conflit, la proportion est passée à 1 femme sur 7.
- Enlèvements et mariages forcés : dans la ville de Ménaka au Mali, 60 % des femmes et des filles déplacées ont déclaré avoir été enlevées et mariées de force. En Haïti, on assiste depuis quelques années à une hausse considérable du nombre de femmes et de filles kidnappées par des gangs armés. En 2022, 46 % des organisations féministes ont signalé des enlèvements ou des violences contre leurs effectifs. Le bassin du lac Tchad reste une zone dangereuse pour les enlèvements massifs de femmes et de filles par des groupes terroristes. En 2014, les 276 écolières enlevées par Boko Haram à Chibok, au Nigeria, figuraient parmi plus de 2 000 filles enlevées par ce groupe cette année-là [6].
Accès des femmes à la justice pendant et après les conflits
L’accès des femmes à la justice est crucial pour reconstruire les sociétés après un conflit et pour tenir responsables de leurs actes les auteurs de violences basées sur le genre. Pourtant, des obstacles majeurs continuent d’empêcher les femmes d’obtenir justice pendant et après les conflits :
- Représentation accrue des femmes dans la magistrature : en 2021, 43 % des juges ou magistrats dans le monde étaient des femmes, contre 34 % en 2010. À la Cour internationale de Justice, 4 des 15 juges sont des femmes.
- Justice pour les survivantes de violences sexuelles et basées sur le genre : depuis 2010, ONU Femmes a détaché plus de 175 experts en matière de genre – enquêteur.rice.s, conseils juridiques, expert.e.s médico-légaux.les et autres – pour assister à la quasi-totalité des enquêtes sur les droits de l’homme mandatées par l’ONU [7]. Ces efforts ont été essentiels pour documenter les violences sexuelles et basées sur le genre et donner ainsi aux survivantes une plus grande chance d’accéder à la justice tout en veillant à ce que ces crimes soient consignés dans les archives judiciaires.
- Rôle des femmes dans la justice transitionnelle : la participation des femmes aux processus de justice transitionnelle est déterminante pour lutter contre les inégalités entre les sexes. En 2023, les femmes représentaient 55 % (21 sur 38) des magistrats de la Juridiction spéciale pour la paix en Colombie, ce qui montre l’importance de la représentation des sexes dans les procédures judiciaires d’après conflit.
Les femmes dans le maintien de la paix et le secteur de la sécurité : Progrès réalisés et difficultés rencontrées
- Des initiatives telles que l’Initiative Elsie et le Fonds d’initiative Elsie contribuent à accroître le nombre de femmes occupant des postes de maintien de la paix. Fin 2023, la plupart des objectifs fixés par la Stratégie uniforme pour la parité hommes-femmes des Nations Unies (UGPS) 2018-2028 avaient été atteints voire dépassés, sauf pour les contingents militaires et les officiers d’état-major [8] :
- Personnel judiciaire et pénitentiaire : les femmes représentaient 43 % des effectifs (objectif UGPS 30 %)
- Agents de police : les femmes représentaient 31 % des effectifs (objectif UGPS 24 %)
- Expert.e.s militaires en mission et officiers d’état-major : Les femmes représentaient 22 % des effectifs (objectif UGPS 20 %)
- Unités de police constituées : les femmes représentaient 16 % des effectifs (objectif UGPS 13 %)
- Contingents militaires : les femmes représentaient 7 % des effectifs (objectif UGPS 10 %)
- Le nombre de femmes militaires participant aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies ne cesse d’augmenter. Entre 2018 et 2024, la proportion de femmes militaires a doublé, passant de 4,2 % à 8,5 % [9].
- Une étude portant sur 30 pays a montré que la proportion de femmes dans les forces armées nationales est passée à 14 % en 2022, contre 11 % en 2016 [10].
- En ce qui concerne les pays de l’OTAN, on constate de nets progrès. En 2000, seuls cinq États membres de l’OTAN faisaient état de politiques spécifiques soutenant la participation des femmes aux forces armées. En 2013, les 28 membres de l’OTAN avaient instauré ce type de politiques. Alors que les chances pour les femmes s’améliorent, plusieurs pays de l’OTAN restreignent encore l’accès des femmes à certains rôles, en particulier dans les postes de combat, les sous-marins et les chars [11].
Genre et prévention de l’extrémisme violent
- En 2015, le Conseil de sécurité des Nations Unies a reconnu le lien qui existe entre genre et terrorisme par la résolution 2242 appelant à la prise en compte du programme pour les femmes, la paix et la sécurité dans les efforts de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.
- Les violences sexuelles comme arme de guerre : les groupes terroristes, d’autres groupes armés et réseaux criminels utilisent les violences sexuelles comme tactique pour encourager le recrutement et prendre le contrôle de territoires et de ressources naturelles lucratives.
- Recours abusif aux lois antiterroristes : des lois et mesures antiterroristes continuent d’être régulièrement utilisées à tort pour cibler comme terroristes des acteur.rice.s de la société civile, notamment des défenseur.se.s des droits humains, et les poursuivre pour des infractions liées au terrorisme en vue d’entraver leur travail. Les organisations de défense des droits des femmes et les défenseuses des droits humains sont particulièrement touchées par de telles pratiques. Entre 2001 et 2018, 140 pays ont adopté une législation antiterroriste. Dans ces pays, 58 % des poursuites ont été engagées contre des défenseur.se.s des droits humains, en vertu de cette législation.
Désarmement, maîtrise des armements et dépenses militaires : une vue d’ensemble à l’échelle mondiale
- Dépenses militaires record : en 2023, les dépenses militaires dans le monde ont atteint un nouveau record de 2 440 milliards de dollars, ce qui marque la neuvième année consécutive d’augmentations. Cette hausse spectaculaire des dépenses militaires est en contradiction directe avec l’article 26 de la Charte des Nations Unies qui appelle à la paix et à la sécurité internationales en ne détournant vers les armements que le minimum de ressources humaines et économiques. Elle est également contraire au Programme d’action de Beijing (objectif stratégique E.2.) qui appelait déjà en 1995 à une réduction des dépenses militaires excessives et au contrôle de la disponibilité des armements.
- Sous-représentation des femmes dans les forums pour le désarmement : les femmes ne représentent qu’un tiers des participants aux forums internationaux où sont débattues des questions cruciales, notamment les menaces d’armes nucléaires, la hausse des dépenses militaires, la prolifération des armes et des munitions et la militarisation des nouvelles technologies. En 79 ans, une femme a dirigé la Première Commission de l’Assemblée générale des Nations Unies – l’organe qui traite des questions de désarmement et de sécurité internationale, à une seule reprise.
- Dimensions de genre de la violence armée : les femmes et les hommes sont affectés différemment par la prolifération et l’utilisation d’armes et la violence armée. Sur les 61 résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le désarmement et les questions relatives aux armes, 23 ont reconnu les dimensions de genre des armes ou ont appelé à la participation égale des femmes aux processus de désarmement, de non-prolifération et de maîtrise des armements.[12].
- Armes et violences sexuelles dans les conflits : la disponibilité d’armes légères et de petit calibre dans les zones de conflit attise les violences sexuelles systématiques et généralisées. Des données de l’ONU révèlent que 70 à 90 % des cas de violences sexuelles liées aux conflits impliqueraient l’utilisation d’armes.
- Le Traité sur le commerce des armes (TCA) et la violence basée sur le genre : le TCA est le premier accord international juridiquement contraignant qui reconnaît le lien entre le commerce international des armes et la violence basée sur le genre. En vertu de l’article 7, paragraphe 4 du traité, les États parties sont tenus de prendre en compte le risque que des armes « puissent servir à commettre des actes graves de violence fondée sur le sexe ou des actes graves de violence contre les femmes et les enfants, ou à en faciliter la commission » au moment d’établir des évaluations d’exportation.
Politiques locales, nationales et régionales sur les femmes, la paix et la sécurité
- Les plans d’action nationaux (PAN) sont de précieux outils qui permettent aux pays de mettre en œuvre les engagements mondiaux en faveur des femmes, de la paix et de la sécurité dans le cadre de politiques nationales. Ces plans précisent la priorité que les pays donnent au programme et les modalités de gestion, de financement et de suivi des activités. Le nombre de pays dotés de PAN a considérablement augmenté, passant de 19 en 2010 à 110 en 2024 [13]. Of these:
- Le Pacte pour les femmes, la paix, la sécurité et l’action humanitaire propose une voie à suivre aux États Membres, aux entités des Nations Unies, aux organisations régionales, aux acteurs du secteur privé et à la société civile – y compris les organisations de femmes et de jeunes et les établissements d'enseignement, afin de favoriser les actions autour de l’axe femmes, paix et sécurité et aide humanitaire pendant la période de 2021-2026. En 2024, le Pacte FPS-AH compte désormais 225 signataires et suit 1 180 actions de plaidoyer, de financement, de politique et de programmation dans 197 pays et territoires.
- Politique étrangère féministe : en 2024, 14 pays (Allemagne, Argentine, Canada, Chili, Colombie, Espagne, France, Mexique, Libye, Luxembourg, Pays-Bas, Slovénie, Suède et Brésil) se sont engagés à appliquer un prisme féministe à leur politique étrangère. Cela signifie que dans sa politique étrangère, l’État s’engage à promouvoir l’égalité des sexes et les droits des femmes[14].
- Plans d'action régionaux : 13 organisations régionales et infrarégionales ont adopté des plans d’action ou des stratégies en vue d’accélérer les progrès du programme pour les femmes, la paix et la sécurité et d’améliorer le suivi des résultats avec les pays membres [15].
- Plans d'action locaux : un plus grand nombre de pays élaborent et mettent en œuvre des plans d’action locaux pour les femmes, la paix et la sécurité. En 2024, au moins 13 pays avaient de tels plans, dont la Bosnie-Herzégovine, la Colombie, la République démocratique du Congo, l’Iraq, le Kenya, le Liberia, le Mali, le Nigeria, l’Ouganda, les Philippines, la Serbie, la Somalie et l’Ukraine [16].
- Allocation budgétaire : seuls 29 PAN (26 %) étaient dotés d’un budget lors de leur adoption, signe que le gouvernement consacre au moins quelques ressources financières à la mise en œuvre du PAN [17].
- Suivi des progrès réalisés : parmi ces PAN, 89 (81 %) prévoient un cadre de suivi assorti d’indicateurs, ce qui est essentiel pour suivre les progrès des pouvoirs publics.
Les femmes et la sécurité climatique
- Le changement climatique comme multiplicateur de menaces : sur près d'un milliard de personnes vivant dans des zones fortement exposées aux aléas climatiques, 40 % d’entre elles sont également confrontées à de faibles niveaux de paix. Ce constat est souvent corrélé à de faibles niveaux d'inclusion, de participation et de sécurité des femmes, ce qui les rend particulièrement vulnérables face aux impacts du changement climatique. Les femmes qui défendent l’environnement et le climat sont confrontées à un nombre significatif d’attaques et de violences.
- Le changement climatique dans les politiques sur les femmes, la paix et la sécurité : on constate la mention accrue de références au changement climatique dans les politiques relatives aux femmes, à la paix et à la sécurité. En 2023, parmi les 107 plans d’action nationaux, 43 (40 %) d’entre eux incluent de telles références ce qui est aussi le cas dans 6 des 13 plans d’action et stratégies régionaux (46 %).
- Violence à l’égard de défenseuses de l’environnement : entre 2012 et 2022, près de 2 000 défenseuses de l’environnement ont été tués, et beaucoup ont été l’objet de tactiques de réduction au silence, notamment par des menaces de mort, la mise sous surveillance, la violence sexuelle ou la criminalisation, ce qui souligne la nécessité d’une protection totale.
- Conflits environnementaux impliquant des femmes : en janvier 2022, on recensait au moins 3 545 conflits environnementaux dans le monde, dont 842 impliquant des défenseuses de l’environnement au rang des leaders visibles. Dans 81 de ces conflits, des défenseuses de l’environnement ont été assassinées.
Financement consacré aux femmes, à la paix et à la sécurité : combler les déficits critiques
- Aide bilatérale en faveur de l’égalité des sexes : en 2021-2022, l’aide bilatérale aux contextes touchés par des conflits s’élevait en moyenne à 47,7 milliards de dollars par an. Sur ce montant, si 20,5 milliards de dollars (44 %) ont été affectés à l'appui à l’égalité des sexes, seulement 2,5 milliards de dollars (5 %) ont été consacrés à l’égalité des sexes en tant qu’objectif principal. Il s’agit d’un recul par rapport à la légère augmentation enregistrée au cours de la dernière décennie [18].
- Le Plan d’accélération de l’égalité des sexes à l’échelle du système des Nations Unies : lancé en 2024, ce plan vise à établir une norme selon laquelle 15 % des dépenses des Nations Unies doivent être affectées à l’égalité des sexes d’ici 2026, des plans étant en place pour atteindre cet objectif d’ici 2030. Ce plan recommande également que tous les nouveaux fonds d’affectation spéciale pluripartenaires fixent un objectif de 40 % pour les programmes d’égalité des sexes et mobilisent 300 millions de dollars destinés aux organisations de femmes opérant dans des situations de conflit et de crise.
Financement d’organisations de femmes en première ligne des conflits et des crises
- L’aide bilatérale aux organisations féministes dirigées par des femmes dans des contextes de crise reste à un niveau extrêmement faible. En 2021-2022, ces organisations ont reçu seulement 0,3 % de cette aide - environ 142 millions de dollars par an, encore moins que les 191 millions de dollars obtenus en 2019-2020 [19] :
- Obstacles liés à l’allocation de fonds à des groupes de femmes : une étude récente examinant les niveaux de financement versés à des organisations de femmes dans des situations de conflit et de crise, en baisse pendant trois années consécutives, a révélé les constats suivants [20] :
- Les initiatives de financement sont souvent concentrées entre les mains d’une poignée de bailleurs de fonds et, dans certains cas, consistent en un simple reconditionnement d'allocations existantes et non en l’octroi de fonds nouveaux.
- Une part importante de l’aide est versée à des ONG internationales plutôt que directement à des organisations locales de femmes.
- Si les bailleurs de fonds connaissent bien l’objectif de financement minimum de 15 % en faveur de l’égalité des sexes, ils sont moins au fait de l’objectif de 1 % à consacrer spécifiquement à des organisations de femmes, proposé pour la première fois par le Secrétaire général de l’ONU lors du 20e anniversaire de la résolution 1325 (2000) et réitéré dans le Nouvel Agenda pour la paix.
- Le changement d’orientation en matière d’aide humanitaire - initiative qui prend le moins en compte l’égalité des sexes - a réduit les ressources mis à la disposition d’organisations de femmes dans les situations de conflit. Seulement 17 % de l’aide humanitaire cible l’égalité des sexes, contre 50 % dans le secteur de la paix et de la sécurité.
- Engagements en faveur de l’augmentation du financement des droits des femmes : en 2024, le Comité d’aide au développement de l’OCDE a adopté une Recommandation sur l’égalité des genres et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles dans le contexte de la coopération pour le développement et de l’aide humanitaire. Cette recommandation prévoit l’augmentation des financements accordés aux organisations de défense des droits des femmes, aux mouvements féministes et aux fonds de soutien aux femmes à l’échelon local, ainsi qu’aux partenaires publics pour promouvoir l’égalité des sexes.
Fonds d'affectation spéciale pluripartenaire pour le financement des femmes, de la paix et de la sécurité
- Le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix : en 2023, ce Fonds a approuvé 202,5 millions de dollars pour soutenir des initiatives de consolidation de la paix dans 36 pays, dont plus de 47 % (95,9 millions de dollars) ont été affectés à l’égalité des sexes. L’utilisation par le Fonds du marqueur de l’égalité des sexes sert de modèle à d’autres fonds.
- Le Fonds pour les femmes, la paix et l'action humanitaire (WPHF) : il s’agit de l’unique mécanisme de financement mondial dédié au soutien d’organisations de femmes locales et de base dans des situations de conflit et de crise. Depuis sa création en 2016, le WPHF a apporté son soutien à plus de 1 300 organisations de femmes de la société civile dans 44 pays en crise. Les fenêtres de financement spécial du WPHF aident à orienter les ressources et l’attention vers les domaines où des lacunes et des problèmes ont été relevés. En 2023, le Fonds a lancé la campagne mondiale « Invest-In-Women », qui vise à lever 300 millions de dollars d’ici 2025 pour soutenir le travail essentiel des organisations locales de femmes confrontées à des crises de plus en plus complexes.
- Le Fonds de l’Initiative Elsie pour la participation des femmes en uniforme aux opérations de paix (FIE) : ce mécanisme de financement innovant a vocation à accroître la participation des femmes en uniforme aux opérations de paix de l’ONU. Depuis sa création en 2019, le FIE a mobilisé plus de 37 millions de dollars et soutenu 12 institutions chargées de la sécurité dans 8 pays contributeurs de troupes et de police afin de surmonter les obstacles qui empêchent la participation égale des femmes en uniforme aux opérations de paix.
- Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) et les Fonds de financement commun pour les pays (CBPF) : en 2023, le CERF a alloué 467 millions de dollars (70 %) à des projets sur l’égalité des sexes. De leur côté, les CBPF ont alloué 1 025 millions de dollars (91 %) pour faire progresser l’égalité des sexes dans 16 pays. Malgré ces efforts, des déficits de financement considérables persistent et 75 % des fonds demandés pour lutter contre la violence basée sur le genre dans les crises en 2023 n’ont pas été financés.[21]
Les femmes, la paix et la sécurité au Conseil de sécurité
- Résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sur les femmes, la paix et la sécurité : depuis 2000, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté 10 résolutions phares sur les femmes, la paix et la sécurité, à savoir : les résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009), 1960 (2010), 2106 (2013), 2122 (2013), 2242 (2015), 2467 (2019) et 2493 (2019). Ces résolutions constituent le fondement du programme des femmes, de la paix et de la sécurité.[22].
- Sanctions pour violences sexuelles : un rapport de l’International Peace Institute montre que sur 676 personnes et 193 entités qui font actuellement l’objet de sanctions adoptées par le Conseil de sécurité, seules 25 personnes et 2 entités ont été sanctionnées pour des violences sexuelles et d’autres violations, aucune ne faisant l’objet de sanctions exclusivement pour cette raison.
- La voix des femmes au Conseil de sécurité : depuis que la première femme représentant la société civile a été invitée à intervenir au Conseil de sécurité en 2004, plus de 300 femmes de la société civile lui ont emboîté le pas. Plus de la moitié d’entre elles ont présenté un exposé au Conseil de sécurité au cours de la période entre 2021 et 2023.[23].
- Renforcer l’attention accordée aux questions liées au genre dans les décisions du Conseil de sécurité : le Conseil de sécurité a porté un intérêt croissant aux questions liées au genre ces 10 dernières années. Entre 2015 et 2023, plus de 65 % des décisions comportaient des considérations liées au genre, contre 35 % au cours des 15 années précédentes. Cependant, en 2023, la part de décisions comprenant des questions liées au genre a reculé à 58 %, soit le niveau le plus bas depuis sept ans.[24].